Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 21:22

logo

«Nés sous X dans le monde arabo-musulman» de Mohamed Chérif Zerguine est sur les rayonnages des bonnes librairies de la capitale et du Constantinois depuis une semaine. Ce livre, à la fois audacieux et courageux, soulève la question du statut des enfants nés sous X dans la religion musulmane.

«Nés sous X dans le monde arabo-musulman» de Mohamed Chérif Zerguine est sur les rayonnages des bonnes librairies de la capitale et du Constantinois depuis une semaine. Ce livre, à la fois audacieux et courageux, soulève la question du statut des enfants nés sous X dans la religion musulmane. A la faveur d’études poussées sur le code de la famille algérien et dans d'autres pays arabes, l'auteur a découvert que les lois, inspirées en majorité de la chariâa musulmane, ne proposent guère de solution pour notre siècle au problème de filiation.

Après lecture approfondie des versets du Coran et des hadiths du Prophète (QSSSL) dont il fait état dans son livre, l'auteur parvient à une conclusion effrayante, celle d'une contradiction flagrante entre la parole divine et les fatwas concernant les enfants conçus hors mariage. Des fatwas datant du 7e siècle ont engendré et engendrent toujours un traumatisme à cette tranche de la société, en raison de leur méconnaissance de leur filiation, ce qui constitue un «paradoxe entre la parole divine et la tradition musulmane ou une manipulation monumentale de leur destinée?» se demande l’auteur.

A travers cet ouvrage, l'auteur espère pousser les exégètes et les juristes à reconsidérer les fatwas et les lois impitoyables qui régentent le vécu des orphelins et les nés sous X. Il exhorte les religieux à penser et à se dépasser pour corriger en profondeur les failles qui existent dans les lois musulmanes, surtout celle concernant la filiation. Pour lui, c’est, en effet, plus facile de nos jours de prouver, grâce à la recherche scientifique (ADN), la filiation. Malheureusement, aucune fatwa ne permet, de nos jours, ce procédé dans le monde musulman.

Dans la deuxième partie du livre, Mohamed Zerguine aborde le sujet du droit international et de la Kafala. L'auteur rappelle les différentes conventions internationales adoptées par les Nations unies sur les droits des enfants et qui leur accordent une protection particulière, tandis que la Kafala était retenue comme mode de prise en charge par la Convention des Nations unies de 1989. La Convention de La Haye de mai 1993, elle, l'a tout bonnement écartée. Par conséquent, les enfants nés sous X et de religion musulmane sont exclus de toute action d'adoption internationale.

Le lecteur découvrira entre autre, les contributions de Malika Benarab-Attou, députée au Parlement européen, du Pr Abdallah Boukhelkhal, Recteur de l'université Emir Abdelkader de Constantine, et de Me Fatima Benbraham, à travers lesquelles ils apportent un éclairage sur la question pour mieux nous aider à en appréhender les subtilités.

Pupille de l’Etat, «la peur de l'inconnu»

Mohamed Cherif Zerguine n'en est pas à son premier essai. Sa première incursion dans le domaine littéraire avait pour titre «Pupille de l’Etat, la peur de l'inconnu», paru en 2009. Un livre gorgé d'amour et d'une grande sensibilité. Sur 143 pages, l’auteur relate la vie d'un enfant abandonné dès sa naissance. Un texte saisissant qui vous interpelle dès les premières lignes et vous plonge dans une solitude et une angoisse insoupçonnées. Une douleur profonde vous assaille, surtout lorsqu’il vous fait découvrir le monde froid et injuste des enfants assistés.

L'auteur lui-même personnage principal de ce récit dévoile ses questionnements restés sans réponses, ses peurs de l'inconnu et ses désirs ô combien légitimes. Mohamed Chérif Zerguine nous décrit son enfance, ses premiers pas dans le monde réel et non moins cruel, obligé de subir un châtiment immérité pour un crime qu’il n’a pas commis, son voyage en France et la douleur éprouvée face à cet exil forcé. Devenu adolescent, il trouve le moyen d'exprimer sa douleur et d'extérioriser sa souffrance par le biais de l'art. Son besoin d'affection fait de lui un époux et un père à un âge précoce.

Le décès de son grand-père adoptif qu'il aimait tant et son retour dans sa ville natale ont été les éléments déclencheurs qui ont réveillé en lui le besoin pressant d'aller à la recherche de ses racines et d’essayer de retrouver sa mère biologique. Né à Constantine le 25 novembre 1963, sa vie bascule, vers l'âge de sept ans suite à la découverte brutale de sa vraie identité. Commence alors pour lui la descente aux enfers. Des questions existentielles commencent à le hanter, faisant de ses nuits longues et fatigantes un calvaire, des questions provoquées par des suppositions interminables et stériles.

Lors de son retour à Constantine, en 1984, il décide, alors qu’il n’a que 20 ans, d'aller à la recherche de ses origines, sans réel résultat, car il ne trouvera que l'hôpital qui l’a vu naître et le quartier de son enfance. Une enfance vécue dans une famille aimante qui a su lui donner amour, protection et compréhension, choses qui l'ont certainement aidé à se construire et à devenir l'homme qu'il est aujourd'hui. S'aidant de livres en psychologie qui portent sur le psychisme des enfants abandonnés et qui expliquent les conséquences désastreuses que peuvent engendrer le rejet et le bannissement de la société de cette tranche de personnes, l’auteur a voulu casser un tabou véhiculé par des préjugés ancestraux qui considèrent ces enfants comme étant de viles personnes, les rendant coupables des circonstances abjectes de leur naissance et les obligeant à vivre mal. Sa quête des origines lui permettra de découvrir les obstacles auxquels est confronté le pupille de l'Etat dans une société archaïque et marginalisante ainsi qu'une administration négligente des lois existantes.

Ce livre se veut un appel à l'amour, un enseignement pour les générations à venir et une exhortation pour que la société civile change, enfin, son regard à l'endroit des pupilles de l’Etat. Par ailleurs, l'auteur a produit un court métrage, adapté à partir de ce livre. Intitulé «Mon nom hantait mes nuits», ce film relate la souffrance et l'anéantissement de l'auteur quand il découvre, à 7 ans, son identité d'enfant adoptif et révèle son parcours dans la vie, la peur, la lutte acharnée ainsi que la victoire méritée sur le sort prévalant à la condition de pupille de l’Etat.

Par Kahina Bencheikh El Hocine

(La Nouvelle République du 27 mars 2011) 

(Mohamed-Chérif Zerguine, Nés sous x, dans le monde arabo-musulman, publié à compte d’auteur, Constantine, 2011, 108 pages)

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Mohamed-Chérif Zerguine
  • : Ce rêve amplifié et soutenu par vous, contribuera j’en suis sûr, non seulement à l'épanouissement de tout enfant installé sur les braises de la souffrance, mais sans aucun doute à éduquer, former et inculquer à ces êtres innocents, les valeurs nécessaires, pour qu'ils puissent contribuer à leur tour et à part entière, à une réconciliation profonde entre l'humain et ses semblables.
  • Contact

Profil

  • Mohamed-Chérif
  • Consultant en informatique industrielle, auteur-compositeur, écrivain, agitateur d’idées, cinéaste, activiste… 

Mohamed-Chérif Zerguine, est en croisade permanente…
  • Consultant en informatique industrielle, auteur-compositeur, écrivain, agitateur d’idées, cinéaste, activiste… Mohamed-Chérif Zerguine, est en croisade permanente…

Recherche

Pages

Catégories